On a visité le Grand Musée Egyptien

Le gigantesque écrin destiné à préserver et exposer au monde entier les trésors de l’Egypte antique est enfin grand ouvert (à 80%). Depuis le 16 octobre, chacun peut venir admirer cette nouvelle merveille du monde contemporain. Emmenés par la compagnie « Les Voyages de Pharaon », nous avons pu nous glisser parmi les premiers visiteurs.

110.000 pièces, souvent monumentales. Le Grand Musée Egyptien (GEM) porte bien son nom, c’est un géant. Déjà classifié de plus vaste musée au monde consacré à une seule civilisation, il en impose de l’extérieur et à l’intérieur. Les plus grands cabinets d’architectes avaient au début du siècle présenté leurs projets (plus de 1500 au total). C’est finalement un bureau irlandais qui l’a emporté, imaginant le GEM comme une projection solaire issue des pyramides qui lui font face. Crise financière, printemps arabe, crise du COVID, le chantier s’est finalement étiré sur vingt ans ! Au final, la réalisation de ce musée aura duré aussi longtemps que la construction de la grande pyramide de Khéops.

Accueilli par Ramsès II

Une fois le porche d’entrée franchi, on est saisi par les dimensions du hall d’accueil, où trône l’immense colosse de granit de Ramsès II qui a veillé durant plus de 3000 ans à l’entrée du grand temple de Ptah, situé à une dizaine de kilomètres au sud du Caire. Il fallait faire honneur aux merveilles de l’architecture de l’Egypte antique et l’objectif est atteint. Granit, marbres, pierres calcaires, albâtre, les concepteurs ont fait appel aux mêmes pierres qui ornaient les temples et sites religieux voulus par les phararons. L’espace du rez donne sur la zone commerciale du musée et sur un large escalier monumental qui grimpe vers l’étage. Au fil des marches, on est saisi par le gigantisme des statues de dieux, de reines et de pharaons, des portiques et des colonnes issus de temples. Plus haut, des statues monumentales de couples et de triades illustrant la relation entre les pharaons et les dieux, à l’exemple de celle montrant Ramsès II entre Ptah et Sekhmet. La montée se termine en présence de sarcophages de reines et de rois.

Des fresques en mouvement

L’émerveillement se poursuit en haut, tout est fait pour rappeler et faire le lien avec la grandeur de l’Egypte antique. Notamment grâce à un espace vitré pile face aux grandes pyramides. Et ensuite avec les collections classées par thèmes. Pas dans de petites salles mais sur douze grands espaces à peine séparés les uns des autres. Les jeux de lumière et la scénographie magnifient encore plus les pièces de fouille présentées de façon claire et aérée. Qui illustrent l’histoire de l’Egypte des temps préhistoriques à la période gréco-romaine. Avec parfois des surprises ultra contemporaines, comme cette fresque qui se met en mouvement via des projections pour mieux faire comprendre la vie quotidienne dans la vallée du Nil il y a 3 ou 4000 ans.

Et le trésor de Toutankhamon?

La grande majorité des pièces provient des salles d’exposition et des réserves de l’ancien musée de la Place Tahrir. Avec donc beaucoup d’objets jamais exposés jusqu’ici, ce qui augmente encore l’intérêt de la visite. Inutile de dire que quelques heures ne permettent pas de tout découvrir à son aise mais suffisent à pénétrer l’histoire de la grande Egypte de l’Antiquité.

Les autorités prévoient le transfert de la dernières section -le célèbre trésor de Toutankhamon et ses 4500 pièces- courant 2025. Si les derniers travaux de mobilité -le métro et un dernier pont routier en construction- sont terminés, il y a fort à parier que l’inauguration officielle se déroule dans la foulée.

Ne vous privez cependant pas de visiter l’ancien musée plus que centenaire: il a gardé beaucoup de ses plus belles pièces. Sa rénovation est évoquée mais pas encore programmée.